Les Piliers de la Blockchain
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Introduction à la Blockchain
La blockchain (en savoir plus) est une technologie novatrice, infaillible et révolutionnaire. Il s'agit fondamentalement des lignes de code informatique qui permettent de faire fonctionner et de sécuriser un registre distribué, communément appelé blockchain. Ce code et son architecture sont les héritiers des technologies P2P et de chiffrement.
La blockchain (en savoir plus), bien qu'étant une technologie, n'échappe pas à la notion de valeur d'échange d'un bien ou d'un service. Cependant, elle permet de distinguer clairement plusieurs acceptions de cette valeur.
Le Concept de Valeur dans la Blockchain
La valeur dans la blockchain (en savoir plus) peut être abordée sous trois angles principaux :
- La valeur intrinsèque : Elle est incarnée par la force de son code informatique. Ce code, fruit de l'intelligence des développeurs, assure le fonctionnement et la sécurité du registre distribué. L'adage « Code is Law », particulièrement répandu dans le secteur de la blockchain (en savoir plus), souligne l'importance du code dans la définition et l'application des règles au sein de cet espace virtuel.
- La valeur d'usage : Elle réside dans les possibilités extraordinaires offertes par son système transactionnel sécurisé sans tierce partie. Un exemple emblématique est la blockchain (en savoir plus) Bitcoin (en savoir plus), qui propose de pallier aux défaillances du système bancaire actuel et n'a jamais été prise en défaut en plus de dix années d'existence. La blockchain (en savoir plus) Ethereum (en savoir plus), quant à elle, permet d'éditer des « smart contracts (en savoir plus) » (contrats intelligents), qui sont des programmes informatiques contractuels auto-exécutants sur la blockchain (en savoir plus). Ces contrats intelligents se déclenchent automatiquement lorsque certaines conditions prédéfinies sont remplies.
- La valeur d'échange : Il s'agit du prix auquel s'échange une unité de cette technologie, généralement sous la forme du prix d'une unité de cryptomonnaie ou de token (en savoir plus) (jeton). Il existe une multitude de blockchains, et donc autant de valeurs d'échange, mais la logique demeure inchangée. Cette valeur d'échange est de plus en plus motivée par des fondamentaux solides.
La blockchain (en savoir plus) Bitcoin (en savoir plus) introduit également le concept de rareté économique. Son code prévoit que 21 millions d'unités seront à jamais créées à travers le monde, pas une de plus, pas une de moins. Cette rareté est assurée par le code lui-même, l'intelligence des développeurs.
Les Cinq Piliers de la Blockchain
Bien qu'il ne s'agisse pas d'une définition juridique figée, Andreas Antonopoulos a proposé un cadrage des cinq piliers de la blockchain (en savoir plus), qui offre une perspective structurante. Ces piliers peuvent être extrapolés et interprétés pour mieux comprendre l'essence de cette technologie.
- Être ouverte : À l'image du festival imaginaire « Bitstock », la blockchain (en savoir plus) est un système auquel on peut accéder librement et que l'on peut quitter à tout moment, sans avoir à présenter de ticket. Il n'y a pas de point d'accès unique ni de contrôle centralisé. De plus, les utilisateurs sont non seulement autorisés à accéder à la plateforme, mais aussi autorisés à modifier la plateforme. C'est cette ouverture qui permet l'émergence de l'intelligence collective, où les améliorations et les modifications peuvent être proposées et acceptées par la communauté selon des règles de consensus. Le code source d'une blockchain (en savoir plus) publique, comme Bitcoin (en savoir plus) ou Ethereum (en savoir plus), est et sera toujours public. Toute contribution est la bienvenue, à condition d'être acceptée par la communauté selon les règles de consensus établies dans le code source. Cette ouverture favorise une méritocratie, où la compétence est reconnue par les pairs sur la base de preuves tangibles de savoir-faire.
- Être distribuée : La blockchain (en savoir plus) repose sur un réseau de nœuds (en savoir plus) qui remplacent les serveurs centralisés. Chaque nœud possède une copie du registre (la blockchain (en savoir plus)) et participe à la validation des transactions. Ce mode d'organisation décentralisé garantit qu'il n'y a pas de point de défaillance unique. La redondance de l'information et la nécessité d'un consensus majoritaire pour valider les modifications rendent le système résilient aux pannes et aux tentatives de manipulation. L'idée que seule une organisation hiérarchisée est valable pour progresser est remise en question par le modèle distribué de la blockchain (en savoir plus).
- Être sans permission : N'importe qui peut participer au réseau de la blockchain (en savoir plus) sans avoir besoin d'une autorisation préalable. Bitcoin (en savoir plus), par exemple, est un protocole qui ne suit aucun agenda politique et ne filtre pas les participants. Pour interagir avec une blockchain (en savoir plus) publique, il suffit généralement de créer un couple clé publique/clé privée. La clé publique sert d'identifiant et la clé privée permet d'autoriser les transactions. Il existe divers outils et méthodes pour générer ces paires de clés. Il est crucial de comprendre que Bitcoin (en savoir plus) est pseudonyme et non anonyme. Bien que les transactions soient traçables, l'identité réelle derrière une clé publique n'est pas nécessairement connue.
- Être immuable : Une fois qu'une transaction est validée et ajoutée à la blockchain (en savoir plus), il est extrêmement difficile, voire impossible, de la modifier ou de la supprimer. Chaque bloc contient un hash du bloc précédent, créant ainsi une chaîne où chaque bloc est cryptographiquement lié au suivant. Toute tentative de modification d'un bloc antérieur invaliderait tous les blocs suivants. Le recours à des mécanismes de consensus, comme la preuve de travail (PoW), renforce cette immuabilité en rendant coûteuse et difficile toute tentative de réécriture de l'historique. L'arbre de Merkle permet de garantir l'intégrité des transactions au sein d'un bloc en créant une empreinte numérique de toutes les transactions.
- Être transparente : Toutes les transactions et les blocs enregistrés sur une blockchain (en savoir plus) publique sont généralement visibles et vérifiables par tous. Cette transparence permet à quiconque d'auditer l'historique des transactions et de s'assurer de l'intégrité du registre. Bien que le contenu stocké soit transparent, il est important de noter que la blockchain (en savoir plus) ne garantit pas la véracité du fond de ce qui est enregistré. Par exemple, une contrefaçon peut être enregistrée sur une blockchain (en savoir plus), et son enregistrement sera inaltérable, mais cela ne prouvera pas son authenticité.
Désintermédiation des Marchés
Un des apports majeurs de la blockchain (en savoir plus) est la désintermédiation des marchés. L'intermédiation est le fait de se placer entre deux parties pour faciliter une transaction. La blockchain (en savoir plus), en permettant des transactions sécurisées et vérifiables sans l'intervention de tiers de confiance traditionnels (comme les banques), ouvre la voie à des échanges directs entre les parties.
Les tiers de confiance sont des entités habilitées à effectuer des opérations et à garantir la confiance dans les échanges. La blockchain (en savoir plus) propose de passer de ces tiers de confiance à des tiers de défiance, où la confiance n'est plus basée sur la réputation d'une entité centrale, mais sur la transparence et l'immuabilité du code et du registre distribué. Cette évolution est en partie motivée par une défiance croissante envers les intermédiaires bancaires et les institutions publiques, notamment suite à des crises comme celle de 2008.
Les Applications de la Blockchain au-delà de la Finance
Bien que Bitcoin (en savoir plus), la première application de la blockchain (en savoir plus), soit une cryptomonnaie, la technologie blockchain (en savoir plus) a un potentiel bien plus vaste. Elle permet d'échanger de la valeur sous toutes ses formes, à condition que cette valeur soit de nature numérique ou puisse être représentée numériquement.
Aujourd'hui, une transaction blockchain (en savoir plus) peut prendre la forme d'un document notarié, d'une fiche médicamenteuse ou d'un diplôme universitaire. La blockchain (en savoir plus) peut être utilisée pour sécuriser les canaux d'échange de contenus, assurer le respect des droits d'auteur, et garantir la propriété d'actifs numériques. Des projets comme BCDiploma utilisent la blockchain (en savoir plus) pour certifier l'authenticité des diplômes.
La blockchain (en savoir plus) s'intègre dans une logique de rupture dans notre rapport à l'objet, à la consommation, à la propriété et à la valeur à l'ère numérique. Elle permet de préserver l'intégrité des données personnelles en les rendant anonymes ou pseudonymes.
L'Écosystème Blockchain et son Marché
Le marché de la blockchain (en savoir plus) est en cours de structuration. Il existe une multitude de solutions blockchains répondant à divers besoins clients. Utiliser la technologie blockchain (en savoir plus) ne signifie pas nécessairement interagir directement avec une blockchain (en savoir plus) publique ; elle peut être utilisée pour des aspects infrastructurels sans être mise en avant commercialement.
Il est essentiel de faire le tri au sein de l'offre blockchain (en savoir plus), car de nombreux projets capitalisent sur l'image novatrice de la technologie sans nécessairement en respecter les principes fondamentaux de décentralisation et de confiance distribuée.
Pour les consultants blockchain (en savoir plus), de nombreuses ressources et solutions performantes sont disponibles, souvent à moindre coût voire gratuitement, grâce à l'idéal de partage du savoir cher aux cypherpunks. Ces ressources incluent des journaux spécialisés, des outils sociaux, des explorateurs de blocs, des services de veille, des publications académiques et des rapports d'audit.
Cependant, il est important d'être vigilant face à la qualité de l'information, car de nombreux médias francophones traitant de la blockchain (en savoir plus) sont principalement axés sur les cryptoactifs, avec un modèle économique fragile et des contenus parfois sponsorisés sans mention claire. Des plateformes comme Cryptoast, Medium, et des services comme Messari, Kraken Intelligence et Bitmex Research offrent des informations plus approfondies, bien qu'elles puissent nécessiter un certain niveau de connaissance technique.
Dans le cadre de groupements d'intérêts ou de chaînes d'approvisionnement, des blockchains permissionnées peuvent s'avérer fructueuses. Ces réseaux tirent profit des innovations blockchains mais ne respectent pas toujours le caractère essentiel de décentralisation de la confiance.
Avant de considérer une solution blockchain (en savoir plus), il est crucial de se poser la question de la nécessité d'une telle technologie, en s'assurant que plusieurs parties sont réellement engagées dans le projet.
Consensus et Sécurité
Le consensus est un mécanisme fondamental qui permet à l'ensemble des nœuds du réseau de s'accorder sur un même état du registre et des données qui y sont stockées. Il promeut un régime économique incitatif et coopératif, rend le réseau juste et équitable, prévient le risque de double dépense et assure la résistance aux attaques.
Différentes méthodes de consensus existent. La preuve de travail (PoW), utilisée par Bitcoin (en savoir plus), consiste à apporter la « preuve » d'un « travail » coûteux à réaliser mais facilement vérifiable. Cette preuve nécessite une dépense significative d'énergie, ce qui garantit la sécurité du mécanisme. D'autres méthodes comme la preuve d'enjeu (PoS) existent également.
La robustesse du réseau Bitcoin (en savoir plus) est assurée par ses règles de consensus et par le principe de la « chaîne la plus longue prévaut ». En cas de désaccord ou d'attaque, la version de la blockchain (en savoir plus) avec le plus de travail (dans le cas de PoW) est considérée comme la version valide. Les mises à jour du protocole nécessitent un consensus de la part des utilisateurs .
La blockchain (en savoir plus) est conçue pour être résistante aux attaques Sybil, aux attaques par déni de service et autres malwares grâce à son système décentralisé de distribution de la confiance et à sa redondance.
Ethereum (en savoir plus) : Une Plateforme pour Applicatifs Décentralisés
Ethereum (en savoir plus) est une blockchain (en savoir plus) qui a été imaginée par Vitalik Buterin dans le but d'élargir le spectre couvert par la technologie blockchain (en savoir plus) au-delà du seul cas d'usage monétaire. Contrairement à Bitcoin (en savoir plus), qui est principalement une monnaie numérique, Ethereum (en savoir plus) se veut une plateforme généraliste et ouverte, propice à l'innovation et permettant la création d'applications décentralisées (DApps).
L'architecture d'Ethereum (en savoir plus) repose sur l'Ethereum Virtual Machine (EVM), une sorte d'ordinateur mondial décentralisé qui exécute le code des smart contracts (en savoir plus). Ethereum (en savoir plus) est organisé en plusieurs couches : la couche des nœuds , la couche logicielle (layer 2) où s'exécutent les smart contracts (en savoir plus) codés en Solidity, et la couche des applications décentralisées (layer 3).
Le whitepaper d'Ethereum (en savoir plus) est une œuvre de référence qui présente en détail l'architecture et la proposition de valeur de la plateforme. Le Yellowpaper fournit une description formelle et technique du protocole.
Ethereum (en savoir plus) utilise initialement un algorithme de consensus de preuve de travail (PoW) basé sur l'ethash et un mécanisme appelé DAG pour la sécurisation. Cependant, l'objectif a toujours été de passer à la preuve d'enjeu (PoS) pour améliorer l'efficacité et la durabilité du réseau.
Les comptes Ethereum (en savoir plus) sont des adresses de 160 bits et peuvent être de deux types : External Owned Accounts (EOA), contrôlés par une clé privée, et Contract Accounts, qui contiennent le code des smart contracts (en savoir plus).
Le gas est une unité utilisée pour payer les coûts de transaction sur Ethereum (en savoir plus) et pour l'exécution des smart contracts (en savoir plus).
L'écosystème Ethereum (en savoir plus) est riche en outils et librairies (comme Web3.js, Ethers.js, Solidity, Remix) qui facilitent le développement et le déploiement des smart contracts (en savoir plus). Des standards comme l'ERC-20 définissent les spécifications des tokens (en savoir plus) fongibles sur Ethereum (en savoir plus).
Interopérabilité et Scalabilité
L'interopérabilité entre différentes blockchains est un enjeu important pour l'évolution du web décentralisé. Les blockchains, bien que possédant des caractéristiques communes de décentralisation et de transparence, sont souvent construites pour fonctionner de manière isolée. Des ponts (bridges) sont développés pour permettre le transfert de tokens (en savoir plus) et de données d'une chaîne à une autre, facilitant ainsi la coopération entre différents écosystèmes blockchain (en savoir plus).
La scalabilité est un autre défi majeur, qui consiste à améliorer la capacité des blockchains à traiter un volume croissant de transactions sans compromettre la sécurité et la décentralisation (en savoir plus)**). Des solutions on-chain (modifications du protocole de la blockchain (en savoir plus) elle-même) et off-chain (solutions externes qui déchargent une partie du traitement des transactions) sont explorées pour améliorer la scalabilité.
Ethereum (en savoir plus) travaille sur une refonte de son architecture technique, passant d'une blockchain (en savoir plus) unique à un système de **blockchain partitionnée **, appelée ETH 2.0. Cette approche vise à décupler la scalabilité en permettant le traitement simultané des transactions sur différentes chaînes parallèles (shards) qui convergent vers une chaîne principale (beaconchain). Le passage à un mécanisme de consensus par preuve d'enjeu (PoS) est également un élément clé de cette évolution.
La Blockchain et le Droit
L'articulation entre la blockchain (en savoir plus) et le droit est une question complexe. Appliquer le régime juridique préexistant aux technologies blockchain (en savoir plus) peut ne pas être adapté en raison de la nature distribuée et décentralisée de ces protocoles.
Plusieurs approches sont possibles, allant de l'adaptation du droit existant à l'élaboration d'une législation propre à la blockchain (en savoir plus). En France, l'ordonnance du 8 décembre 2017 et le décret du 24 décembre 2018 ont introduit des modifications au Code monétaire et financier et au Code de commerce pour reconnaître la légalité de l'utilisation de « dispositifs d'enregistrement électroniques partagés » (en savoir plus)) pour la représentation et la transmission de titres financiers.
La loi PACTE n'a pas pour objet principal la blockchain (en savoir plus), mais elle contient des dispositions relatives aux offres de tokens (en savoir plus) et aux prestataires de services sur actifs numériques. Un amendement qui visait à consacrer la force probatoire d'une empreinte blockchain (en savoir plus) a malheureusement été abandonné.
La conformité des blockchains avec le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) est également une considération importante, notamment en ce qui concerne les données personnelles qui peuvent être contenues dans une blockchain (en savoir plus) .
La gouvernance des protocoles blockchain (en savoir plus) est un aspect essentiel, et une nécessaire décentralisation de la gouvernance est souvent souhaitée pour éviter un contrôle excessif par quelques acteurs. Les mises à jour des protocoles nécessitent généralement un consensus de la communauté.
Conclusion
La blockchain (en savoir plus) est une technologie aux multiples facettes, dont les piliers fondamentaux de décentralisation, de sécurité, de transparence, d'immuabilité et d'ouverture révolutionnent la manière dont la confiance est établie et dont les échanges de valeur sont réalisés dans le monde numérique. Son potentiel s'étend bien au-delà des cryptomonnaies, touchant de nombreux secteurs et transformant notre rapport aux données, à la propriété et aux transactions. Comprendre ces piliers est essentiel pour appréhender les opportunités et les défis de cette technologie en constante évolution.